La Roulotte de Casimir

Camps d’été

Une dernière montée après un arrêt chez Guy au ranch de Vallouise. La der des ders. Les braves et vaillants chevaux soufflent leurs extrêmes lieues à treize cent mètres de haut. Mais en pleine ascension, sur du 6,5%, une main se tend sur le côté de la route. Elle nous invite à une pause. Une belle maison se dessine en contrebas par un petit chemin entre les mélèzes. Nous serrons la main levée et, pleins de gratitude, nous prenons pieds entre les murs du chalet proposé. Eau chaude en tournant un robinet, lumière à volonté, table spacieuse où circuler autour, le confort de la sédente est bienvenu. Alors nous nous ressourçons pour trois bonnes semaines, petites réparations et grand ménage, longues soirées et larges sourires au coin de l’âtre.

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Les chevaux reprennent des forces et broutent d’une rapidité appétissante les parcs à notre disposition. Le peu de pluie tombée ne laisse pas à l’herbe le temps d’une repousse. Les terres sont sèches cette année et bien que les versants montagneux soient verts, les touffes d’herbes, clairsemées, forment de drôle de puzzle entre les fleurs et la rocaille. La terre est craquelée comme une coquille fragile. Les glaciers fondent sous le soleil printanier. Les torrents grondent avec leurs roulis coutumier de pierres. Mais les nuages ne s’amoncellent pas dans le ciel imperturbablement bleu. Les prairies, malgré la saison en avance, perdent de leur superbe, le foin est proche d’être coupé séché. Les chevaux par conséquent, grillent la priorité, ne s’arrêtent plus à la ligne, la charge ne les fait pas reculer. Les champs du voisin plus vert, la pairie du suivant plus grande, puis un jardin plus nourrissant, des pelouses plus soyeuses, trois crottins dans le village et quelques frayeurs plus tard, tout s’enflamme. Gendarmerie, mairie, adjoint, cultivateur, jardinier tout s’emmêle. Il faut courir après les fugitifs. Face aux dégâts devant cesser, les bêtes trop bêtes n’y comprenant pas un fil, fut-il électrique, se retrouvent à l’attache. L’un, ça m’atterre dort, l’autre tout près rit dessous, tête basse, à bons coups de hennissements, et la dernière tourne vainement de la longe au piquet ; la vis est un engin de sale air. Faut s’y tenir coûte que coûte, c’est capital.

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Le camp d’été se prépare. Ce sera certainement celui d’hiver aussi. Merci à ce propos aux 3 Marmottes, l’hôtel de Pelvoux dont le bas de propriété est mis à notre disposition. Un petit bois de futaie bien à plat avec le chant du torrent glaciaire en contrebas, un corral pour les chevaux et l’école à proximité. La petite dernière quant à elle est en route. Elle se prépare. Nous l’attendons avec impatience. D’un poids de 750 kg et d’une grandeur de 4,20m de couleur identique à la roulotte de Casimir, elle servira de roulotte chambre. En parlant de Casimir, le voilà au boulot à nouveau. Pour un athlète de son gabarit, le chariot, fut il chargé de six personnes est un fétu de paille. C’est la fête au village, on vide son grenier pour ceux qui en ont, pour vendre pépé et mémé à l’étalage, quelques vieux tableaux, une cafetière ancienne et deux bibelots nostalgiques, divers portraits enracinés dans le temps. L’attelage intègre en fait le paysage. Allons messieurs dames, un petit tour en carriole, comme à l’époque du grenier.

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