La Roulotte de Casimir

Salut Kevine le Viking

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Il était le chef de la bande des quatre. Nous l’appelions Viking. Fière allure avec son encolure d’étalon. Castré sur le tard, il en avait gardé le caractère, la tête toujours dressée, aux aguets, de son œil noir, surveillant les alentours. Il traînait toujours un peu, habitué qu’il était de la parade dans de beaux attelages au haras du Pin. La vie de bohème a eu raison de lui. Les box et les vertes prairies de Normandie, sans dangers n’ont pas fait de lui un expert en pièges de la nature. Alors, gourmand comme il l’était, afin de subvenir à sa tonne de masse, il broutait souvent rondement. C’est pourquoi, des plants de datura, il n’en a fait qu’une bouchée. Ce fut fatal pour lui. Prostré, les naseaux dilatés, les yeux comme deux grands écrans où durent se dérouler les étranges films de sa vie d’équidé, le cœur dans un accélérateur de particules, en plein dimanche soir, sans véto, il s’est couché pour mourir tout près de la roulotte, dans la nuit et les rafales de vent d’Autan dont les salves persistaient à faire danser sa belle crinière.

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Fini le tracteur du chariot auquel il était à la tâche. Il y était pourtant bien à ce poste, tirant moins que la moitié de son poids, bien en accord avec la convention de bons soins que nous avions signé avec les haras nationaux. Le sort en a voulu autrement et nous n’avons rien pu faire. Il y a quelques jours, pestant après lui de ne pas se laisser attraper dans un parc, je lui ai promis de l’échanger contre un chameau au Kazakhstan, j’espère que, entendant cela, il n’a pas fait fonctionner quelconque loi de la synchronicité.

Désolés pour cette nouvelle perte, nous sommes bel et bien dans l’embarras. Notre trésorerie de voyage ne nous offrira pas avant six mois la possibilité d’acquérir un nouveau cheval à placer à la volée lors des fortes montées. L’obtention d’une nouvelle petite roulotte chambre est ajournée. Kévine, outre les sentiments qu’il nous avait fait naître par sa docilité et son attention auprès des enfants, était d’une valeur de 3000 €, colliers, harnachements et souliers compris. L’enlèvement de sa carcasse, de 400 €, a été procédé ce jour. Il a rejoint veaux, vaches, cochons et un agneau dans un camion puant à la limite du partage des eaux.

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Nous faisons appel à vous qui nous lisez et vous qui nous avez rencontrés, comme un appel populaire, en toute humilité, pour un don si petit soit-il, un prêt même s’il en faut, afin de poursuivre cette épopée aventureuse en direction des Hautes Alpes où notre trésorerie sera remise à flot par nos emploi attendu dans cette région, puis continuer ce voyage en direction des steppes des royaumes du Nord. Ci-joint, les coordonnées du collecteur que nous remercions à cette occasion pour toute l’aide apportée lors de l’événement précité.

A l’ordre de M. Caudan René (la roulotte de Casimir), 1 avenue Sous Roches 31 810 Venerque.

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En attendant, la configuration de notre épopée verra Tsarine et Casimir à la traction de la roulotte et Fiona, la bretonne offerte par Jacques au chariot, lequel a été délesté des biens dont nous ne nous servions pas. Pas de montées en perspective avant la vallée du Buech, c’est-à-dire la route entre Orange et Gap, que nous devrions atteindre dans un mois, si tout va bien !!! Nous regarderons dorénavant la nature des prés où pâturerons nos chevaux, sachant que belladone, datura, tabac, colchiques, arnica font partis des toxiques mortels pour eux. Les chevaux sont définitivement dans la colonne dépense... Clin d’œil à toi, Fabrice. Allons, en route pour Castelnaudary.

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