La Roulotte de Casimir

Sédentarité

Le camp d’hiver est monté. Tout est prêt pour parer à tous les vents et tous les frimas. La roulotte, calée de niveau, a été isolée par le dessous de laine et de liège. Les buches de bois sont empilées. Il fait bon partout. La saison est clémente comme un début de printemps, mais on ne relâche pas notre esprit, l’hiver n’est pas fini. Sur la crête du mont Pardiac, surplombant Marciac, nous sommes posés face à la ligne pyrénéenne dans le lieu de hautes fréquences dont il était la question dans l’article « à la croisée des chemins ». Les chevaux ont un pré de cinq hectares, les enfants, un bois de même dimension. Ils coulent des jours heureux et paisibles. Il semblerait que la seule dictature soit pour eux la liberté. Ça court, ça virevolte, ça crie et ça hennit. Tout est bon dans la campagne du Gers pour s’épanouir et grandir.

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Dans une belle vieille forêt d’arbres centenaires, les chevaux sont actifs.

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Réquisitionnés pour débarder, billes de chênes, de hêtres, d’ormes et autres bois de futaie sont leur affaire.

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Un boulot du matin, à temps partiel, à la fraîche, pour ne pas perdre le pied de traction et garnir le panier de voyage pour un moment, enrichir d’avoine le picotin. Et ça passe partout ces animaux, mieux qu’une mécanique articulée. Pas d’ornières ni de coupe à blanc à déplorer. Nos équidés se faufilent entre les plis de la terre et les souches, descendent et montent à flanc de coteau. Robustes, infatigables, nos chevaux bucherons ploient sous les fardeaux sans peiner et tirent en obéissant parfaitement à la voix. Ils semblent aimer ce travail occasionnel.

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Petits hommes, à côté, aux commandes, soufflent et suent pour suivre les cadences dans le terrain accidenté. Dure et douce à la fois, l’activité traditionnelle traduit une tranquillité dénuée de l’imposition des moteurs et des gaz d’échappements. On se sent comme en phase avec la nature, sélectionnant juste ce qu’il faut dans le respect de sa diversité. Nous marchons et arpentons, allons et venons en accomplissant continuellement du rêve et de l’absolution, à bout de pensée, afin de se satelliser au noyau des mêmes intérêts ; s’entendre avec ce qui nous entourent.

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Le temps qui passe est comme un présent perpétuel. Les journées remplies d’école, d’étude, de chevauchées, de soins et d’études en tout genre laissent les lendemains sans attente.

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Le bel endroit qui nous accueille partage les joies de vie de cette campagne. Nul besoin de fard pour entrer dans cette réalité. On y vit parce que l’on s’aime, et on s’aime parce que l’on y vit. Il n’est besoin de rien d’autre que cette organisation des cœurs et des esprits dans la simplicité et l’authenticité. Ce serait là peut-être la seule rigueur.

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