La Roulotte de Casimir

Haut col de l’Echelle

Le passage au col est cocasse. L’Echelle, entre la France et l’Italie nous retient comme pris au piège. Nous avons tous les attributs d’une pause prolongée. Faite de mille morceaux à rapiécer, un ou deux débris occasionnels dans un virage raté, un timon fendu, balcon et caisse technique prêts pour un mikado, régulateur solaire en grillade, elle nous prolonge l’arrêt. L’art est réparations. Par les fentes les montagnes regardent le bricoleur sans que celui-ci n’ait d’égards pour elle.

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Bravant le temps qui, lui, parvient à passer sur le col, clés, marteaux encadrent au carré la dolce Vita promise. Un clin d’œil torve au soir et aux étoiles, un bâillement funeste aux nuits qui s’en viennent et, enfin, dans un râle de bas de rein, s’étant frugalement nourri, dormir. Ha ! Je honnis ces avaries bien dans la note du réel. Quatre étapes et trois casses d’attelage plus tard, nous sommes les élus de la perte. Le chat au départ, à chercher en pure perte de temps, ledit chat plutôt ibérique, mi-olé aura brillé par son absence. Puis ce fût la perte d’une goupille, un boulon, la patience, le comique. On répare et ya, tout revient, tout repart. Et là, on perd le chien, on perd l’avance, on fait marche arrière. On ne perd rien à attendre tout compte fait. A cheval par la vallée étroite nous parcourons les sentiers en sifflant Rantamplan fortuitement repéré dans la vallée parallèle à celle où nous campons. Perdue le sens de l’orientation la bête. Le timon cède encore par la moitié. La moitié non renforcée. Bricole Guigne fustige qu’une bonne réparation de montagne vaudra solidité. Les plaines vers l’orient promettent sous la lune chevauchées au grand galop et rien, ni de fer, ni de bois ou de cuir ne saura déroger aux règles de résistance, que cela soit où je perds la mémoire.

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C’est le quinze août, doux, doux, pas de résistance, on verra le bout. A 1800 mètres du col de l’Echelle, là-haut sur le rond ballon, quand les journées sont chaudes et les soirées fraîches, rires et cris d’enfant s’envolent en feux de camps. Le chant du torrent sec se mêle à celui des filles et des fils du vent, littérateur des cimes en dessous desquelles logent deux si petiotes roulottes. L’été radieux, bien, continue comme ça, dans la campagne alpine et le loto des avaries berce aux beautés justes en l’endroit. Là, reste, l’aventure commence. Et Merci grand aime, mile gracie à Willy, Sonia, Nico, Stef, Ruddy, Peggy, Françoise, David, Brigitte, les enfants, la présence, le partage, merci les zamis, ça roule comme sur rock ‘n roll. Un jeu drôles avec des barba papas de géants posées sur le col.

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Et puis merci aussi à tous celles et ceux qui ne sont pas là mais qui nous suivent d’une façon ou d’une autre. 16 août en dedans, tête baissée, Briançon, ferrures et visserie, aller sans retour, Hannibal a passé les Alpes en éléphants nous le ferons bien en deux ou trois tourments soient-ils au tournant. Défense de rire, le sérieux est de mise. Les chevaux sans défense hennissent comme des barrissements. Que faisons-nous ? La descente est droit devant, jusqu’à tout en bas. Au fond de Pô tout sera clair. On a récupéré un coq. Un coq à poulette. Un coq atone. Et puis des plantes pour les huiles essentielles. Mille pertuis, caille ait, serpolet, potentille, mille feuilles. Des topinambours ratatinés. Les poules pondent, la nature respire, les chevaux broutent du vert et les taons pilonnent. Tout est. Tout se prépare. Trous se réparent, la troupe se pare. Prêt qui croyait prendre, demain comme aujourd’hui, ce sera le bon jour. Bonsoir.

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