La Roulotte de Casimir

DANS LE MASSIF DES ECRINS

85ème Etape. Pelvoux. 1350 m

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Le soleil, posé sur les crêtes éfilées du Pelvoux, à 3982m embrase le ciel et la barre des écrins à 4102 savoure la lumière au-travers son rayon carmin. De longs nuages sans temps file au loin, vers le feu du soir. Il est arrivé au sommet de sa vie et maintenant se livre aux douceurs de la rêverie.

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Le front penché sur cet art, la vue grandiose s’offre au regard depuis la fenêtre du nid d’aigle où nous avons trouvé refuge à la grâce d’un prêt pour se ressourcer. Un beau chalet fait de bois et d’amour en face des montagnes verdoyantes où les neiges hautement levée tranchent sur le grand bleu du ciel, le grand bleu de l’océan à l’envers. Tout est bien clair et stable comme dans un idéal de vide. Une œuvre se dessine, c’est presqu’un sacerdoce que d’y être attaché. L’occupation du moment est de ne pas se demander ce qui doit être fait dans les jours à venir. Les révélations naturelles confirment l’art d’être heureux et de promulguer ce bonheur, sans se demander si tout cela est issu de lois scientifiques ou philosophiques. Un peu exilés du temps, nous suivons encore l’ordre normal et successif de tous les maintenant de la vie de bohème.

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Les instants passent avec leur mécanique en secondes célestes et rien ne vient froisser le repos dans lequel nous nous plongeons. On retrouve nos racines toutes proches, qui ne s’étaient cependant pas éloignées de nous. Les humains ne devraient jamais omettre qu’ils le sont. L’eau du torrent, en contrebas, chante autour des rochers luisants. Des galets cognent le fond et roulent en rythme. Nous marchons, légers comme de vieux danseurs dont l’âge n’altère pas la souplesse. Les enfants reprennent possession de l’espace et sitôt qu’ils perdent de vue la maison, ils prennent des airs de liberté comme des brassées de fleurs en pleine poitrine. Tout semble les inspirer et les abreuver de curiosité. Ils transportent le trésor qu’est leur cœur pur et leur aventure continue sans cesse. Est-ce atteindre le sommet de la montagne qui compte ou le chemin emprunté dans cette ascension ? Ils entendent, écoutent, restent attentifs aux autres, à la nature. Leur bienveillance est un des derniers sursauts d’humanité pour s’aimer et rester en accord avec soi-même.

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Les chevaux prennent un repos bien mérité et goûtent à la fraicheur des herbages alpins. Ils se roulent et hennissent sans vergogne, certainement contents de voir les jours passer sans l’augure des harnachements. Tout est bien qui fini bien, tout est bien qui commence bien.

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