La Roulotte de Casimir

Le voyage au long cours

(JPG)

En regardant les cartes, nos doigts tracent des lignes allant se perdre aux confins de l’Orient. Et que contiennent pour nous ces cartes dépliées sur la table de bord ? La structure armillaire de la connaissance même ; une connaissance qu’apprécient en particulier les voyageurs et les rêveurs, les géographes aussi, et quiconque ayant le désir d’aller d’un point à un autre, un doigt songeur tendu vers le chemin. Lorsque nous parvenons à lire entièrement les directions, où que nous allions, c’est toujours un réel baptême. Nous tentons de distinguer une illustre alliance avec la nature des choses et leurs influences. Où que nous soyons, nous y sommes. Il s’agit peut-être d’une quête, d’un voyage initiatique où notre vaisseau pourrait s’appeler l’Argo. Un voyage attendu d’être vécu comme un voyage au centre d’un cristal.

(BMP)

Un voyage à la rencontre des peuples racines dans notre procession verte comme une rencontre avec la mère terre nourricière.

(BMP)

France, Italie, Croatie, Roumanie, Ukraine, Kazakhstan, Mongolie, Mandchourie, Russie, il n’y a pas un nom qui ne puisse se prononcer sans le goût d’une forte émotion. Ces tranches de pays imprégnés d’histoires suscitent une dimension intérieure incomparable. Car le moindre de ces noms supportent des forces magiques. Ces noms et ces syllabes avec tous ce qu’ils comportent de femmes, d’hommes et d’enfants tournent autour d’un centre fixe fait d’astres et d’autres choses bien dans la note de la gravitation. Deux corps se rencontrent et ne cherchent à faire qu’un dans une seule parole. Rester, aller, Hommes de sédente ou fils du vent, amour de lune et ferveur de soleil...

C’est ainsi que l’amour existe, matérialisé par la poésie de nous tous vivants à bord de notre terre. S’il n’existait pas, rien n’existerait donc. Nous, Humains, comme des étoiles solidaires, avons toujours cherché les possibilités de créer de nouveaux dialogues entre les mondes dans la préparation perpétuelle de l’ordre amoureux au commandement du vivre. Indivisible, le temps est un arbre immense au feuillage invisible. Quand dort l’histoire, l’ordre part en quête et la quête devient un rêve sur le front des endormis. L’orateur étoile est alors constellation. Y aurait-il crainte quant aux chemins à découvrir ? Le choix est toujours bon puisqu’il est le nôtre. Si une tempête souffle, c’est seulement dans nos têtes.

Alors voilà, Vladivostok, c’est tout droit sur la carte. Quelle idée ! Nous en convenons. Il est vrai que dans le dédale des temps modernes, le voyage peut apparaitre comme une chimère aux contours indistincts. Les frontières de soi et des pays franchis, comme des silhouettes diaphanes, s’évanouissent dans les vapeurs des occidents et sont considérées sans avenir. Le voyage ferait-il alors encore part d’un rêve de liberté ? Ferait-il du rêve une liberté ? On croirait plus facilement que le but ultime d’innombrables pas posés sur la terre est une recherche de l’oubli par la fuite. Mais on ne fuit jamais ce qui est aimé. Il est toujours plus facile de croire ceux qui nous épargnent la crainte qu’ils eussent raison.

(GIF)

Mais pour nous, c’est dans le silence abreuvé simultanément des cultures de partout, dans les sillons orientés vers l’orient ou vers l’occident, dans la sujétion permanente aux incidences de la prévoyance que se dévoilent nos valeurs jetés aux roses des vents. Ouverts à la rencontre, obligés des lois variables rattachées au phénomène unique de chaque rapport humain, il nous est un seul destin en ce chemin de la vie : matérialiser notre esprit et spiritualiser la matière. C’est en devenant les explorateurs des desseins les plus étranges que s’élabore la possibilité de se rendre au plus pur de notre nature de navigateur.

Pour ce faire, il s’agit d’ajuster les rêves avec ceux de la nature. Sinon, peu de passages sont ouverts. On ne peut connaître pour exploiter. La liaison entre universel et particulier s’établit toujours selon un genre propre, le sien, selon son goût personnel, au moyen de l’acte rare de l’indépendance, secret et perpétuel à la fois. C’est certes un état ostensiblement solitaire. Mais c’est pour empêcher tous ceux qui veulent l’étudier de bien comprendre l’unicité qui en découle.

Voilà, nous nous sommes mis en vie à tout cela, comme une manière de respirer différemment. Si nous pouvions devenir des maîtres, nous le serions incontestablement dans l’indispensable capacité analytique afin de percevoir et d’embrasser le réseau des sympathies réciproques, les liens dans les consciences et dans les esprits de chaque chose existante avec toutes les autres et, tâcher de vibrer à l’unisson. Mais rassurons-nous, nous dirigeons aussi nos préoccupations hors de l’infini, vers quelque chose de très sûr ; l’immédiat. Nous ne vivons pas d’espoir au risque de mal s’accorder à l’univers où la tendresse est un silence paisible et continuel, la communion un acte des cœurs au-travers le courage. Nous prenons juste le corps de la parole donnée.

Répondre à cet article